De nombreux étudiants en jeu vidéo aspirent à une première expérience professionnelle au sein de grands studios internationaux, cherchant ainsi à accélérer leur parcours professionnel. Qui ne rêverait pas d’ajouter un titre AAA de renommée internationale à son CV? Cette opportunité séduisante attire ceux qui désirent évoluer dans un environnement encadré et reconnu, associé aux grandes franchises du secteur.

Cependant, les opportunités et avantages offerts par les jeunes professionnels qui optent pour des structures plus petites, communément appelées studios indépendants ou indie, restent moins connus. Pourtant, cette option peut être tout aussi intéressante pour ceux qui recherchent une expérience pratique diversifiée sur des projets où ils peuvent avoir un impact concret.

Avec la croissance rapide du nombre de studios indépendants au Québec (148 sur 249), on peut s’attendre à voir de plus en plus d’opportunités de stage s’ouvrir au sein de ces PME. Il pourrait s’agir d’une façon intéressante de transmettre le savoir-faire entrepreneurial à la prochaine génération de développeurs de jeux vidéo.

Depuis la création de Yellow Brick Games il y a quatre ans, l’inclusion des stagiaires et la promotion d’une culture de partage d’expertise sont des aspects fondamentaux de notre ADN de studio. Avec une équipe de 65 professionnels expérimentés, nous avons récemment accueilli notre quatrième stagiaire et souhaitons continuer à former les talents de demain, tout en travaillant sur notre tout premier titre qui sera annoncé en 2024.

Conscients des dilemmes auxquels les étudiants peuvent être confrontés lors du choix de leur stage et de leur carrière, nous avons demandé à nos stagiaires actuels et anciens, dont certains sont devenus employés chez nous, de partager leurs perspectives et expériences. Nous espérons que leurs témoignages raisonneront auprès des étudiants qui naviguent le processus de choix de carrière dans le fabuleux monde du développement de jeux vidéo !

• Marc-Antoine (gauche) : Arrivé en janvier 2024 pour un stage en conception de niveaux, Marc-Antoine a récemment terminé son AEC en conception de jeux vidéo et médias interactifs du Cégep Limoilou.
• Olivier, programmeur (centre) : 28^e employé de Yellow Brick Games, Olivier a rejoint l’équipe en mai 2022 pour compléter 8 mois de stage en programmation. Après la complétion de son baccalauréat en génie informatique de l’Université Laval, il a officiellement rejoint l’équipe à titre d’employé.
• Rebecca (droite): De retour avec nous pour son deuxième stage en programmation, elle est sur le point de terminer son DEC en programmation du Collège BART. Elle est également titulaire d’un DEC en Arts & cinéma du Cegep de Lévis.

Q : Pourquoi une carrière en jeux vidéo?

Pour Marc-Antoine, Olivier et Rebecca c’est simple : la passion. Depuis leur enfance, les jeux vidéo ont fait partie intégrante de leur vie. Travailler dans l’industrie du jeu vidéo représente pour chacun d’eux une manière de partager leur passion et d’avoir un impact sur les gens, tout comme ils ont été impactés positivement par le jeu vidéo. Chacun évoque le jeu qui l’a marqué, soulignant l’influence du médium sur leur parcours.

Pour Olivier, c’est Dragon Age Origins sans aucun doute. Rebecca se souvient de la trilogie originale de Spyro et Marc-Antoine mentionne sans hésiter Jak & Daxter à la PS2.

Marc-Antoine : « J’ai d’abord essayé des études en comptabilité. Je ne voulais pas m’avouer que j’étais fait pour travailler en jeu vidéo. Ça semblait être la voie facile comme c’était ma passion et j’avais peur de perdre mon engouement face aux jeux vidéo en y travaillant…. Jusqu’à ce que mes amis me fassent réaliser que j’étais vraiment fait pour ce métier. J’ai décidé de foncer. »

Rebecca : « J’adorais le storytelling et toute la partie de création de mondes que m’apportaient mes études en cinéma, mais il me manquait un défi plus technique pour construire des mondes plus complexes. C’est comme ça que j’ai décidé d’ajouter la programmation à mon profil, ce qui me permet de créer des univers immersifs complets. »

Q : Pourquoi choisir un stage dans un studio indépendant?

La curiosité de comprendre comment se produit un premier titre, la chance d’avoir un impact sur la création d’un tout nouvel univers, ainsi que la taille humaine du studio sont des facteurs qui ont influencé le choix de nos trois stagiaires. Pour chacun d’entre eux, leur premier jour de stage a été comme ils l’imaginaient : une ambiance plus relax, chaleureuse, presque à l’image d’une grande famille.

Rebecca : « Au départ, j’étais intéressée par les grands studios AAA. J’ai réalisé que c’est très spécialisé dans ce genre de studio. J’aurais peut-être dû choisir quel type de programmation je souhaitais pratiquer dès le départ. Pour apprendre et connaître ce qu’on aime, je crois qu’il faut commencer par essayer différents trucs. Ici, je touche autant à la programmation gameplay, tool, engine. Je dois comprendre plusieurs systèmes. Ça élargit mon champ de compétences. »

Olivier : « Personnellement, étant un grand fan de la franchise Dragon Age, c’est sûr que lorsque j’ai appris qu’un vétéran comme Mike Laidlaw (Directeur créatif sur Dragon Age) démarrait un studio indépendant à Québec, j’ai immédiatement sauté sur l’occasion. C’était pour moi une manière d’apprendre des meilleurs de l’industrie. »

Q : À quoi ressemble une journée dans la peau d’un stagiaire?

En général, tout bouge très vite. Ils sont impliqués dans toutes les discussions et touchent à tout. Au départ, ils s’attendaient à devoir exécuter des tâches de base, de révision à la limite. Ils ont été agréablement surpris lorsqu’ils se sont vu attribuer des mandats de plus grande envergure.

Marc-Antoine: « On ne se sent pas comme dans un stage, mais comme dans une vraie job. On sent que notre travail est tout aussi important que celui des autres. La porte est ouverte à poser beaucoup de questions… et il faut le faire!

Si tu prouves que tu es vraiment là pour apprendre, tu vas avoir plus de tâches. Donne ton 200% et montre que tu es motivé. Dès les premiers jours, je suis passé de petites taches dans une map à me faire confier une map au complet ! ».

Rebecca: « Le bon mot c’est « évolutif » je dirais. Tu es accompagné et c’est gratifiant parce que ça te permet d’accomplir beaucoup de choses. Les erreurs sont inévitables, mais on a du soutien pour les corriger et les comprendre, sans pression. C’est ce qui te fait apprendre plus vite ! ».

Q : Quels sont les défis à relever en tant que stagiaire?

Ils sont unanimes sur un point : il faut apprendre à être autonome et observateur. Comme dans un studio indépendant les équipes sont plus petites et que la polyvalence est de mise, il n’y a pas toujours quelqu’un au-dessus de ton épaule pour superviser. La confiance offerte aux stagiaires vient parfois avec l’espace pour apprendre à résoudre des problèmes. Le rythme est motivant, mais exige une adaptabilité constante.

Rebecca : « C’est comme apprendre à faire le caméléon le plus rapidement possible. On observe notre équipe, on passe parfois par un chemin un peu plus long pour comprendre, mais c’est ce qui nous amène cette compréhension globale à la fin. Il y aura toujours quelqu’un pour nous répondre si on est mal pris, mais le rythme est assez rapide. »

Marc-Antoine : « Chaque studio a ses propres méthodes de travail, et c’est toujours très différent de ce qu’on apprend à l’école. Il faut être à l’affut pour comprendre ce qui est attendu de nous. Il faut parfois être capable de cerner les subtilités, bien observer comment l’équipe travaille, puis s’adapter aux façons de faire. Rien n’empêche d’amener ses idées. Au contraire, c’est apprécié, mais il faut toujours garder en tête quelles sont les attentes face au projet. »

Q : Des conseils pour ceux qui recherchent une expérience de stage en studio indépendant ?

Adopter le bon état d’esprit, montrer une grande motivation à apprendre, et être capable d’encaisser les échecs sont des qualités essentielles selon eux.

Olivier : « Il faut d’abord se demander si c’est fait pour nous d’être dans un studio indépendant. Être autonome, avoir une bonne capacité d’adaptation et faire preuve d’ouverture c’est la base. La motivation à apprendre c’est ce qui est le plus important. Il faut aussi être capable d’encaisser les «non», car il va y en avoir c’est certain. Il ne faut pas se mettre trop de pression à être parfait dès le départ. »

Marc-Antoine : « C’est très important de montrer sa motivation et de se faire des contacts. Pour moi c’était plus facile car un des mes professeurs travaille chez Yellow Brick Games… Montrer que tu es capable de faire plein de choses dans ton portfolio c’est cool, mais ça se joue plutôt au niveau de la motivation à apprendre. Tu ne peux pas être parfait en arrivant au stage, car tout ce que tu vas apprendre est très différent du contexte scolaire. »

Rebecca : « Il ne faut pas hésiter à aller parler aux gens si tu cherches un stage. Les programmeurs, on a souvent une tendance à l’introversion… Il faut sortir de sa zone de confort et aller vers les gens en participant aux évènements de réseautage. Il faut saisir les opportunités pour entrer en contact avec des professionnels. Montrer que tu communiques bien aura autant, sinon plus d’impact que le contenu de ton portfolio. Tu peux aussi présenter ton portfolio en expliquant ce que tu essayais d’apprendre avec ce projet, plutôt que de simplement montrer le résultat. »

En conclusion, l’expérience de stage dans un studio indépendant s’avère enrichissante à la fois sur le plan des compétences techniques et des compétences interpersonnelles. Au-delà des aspects professionnels, les relations humaines et les amitiés développées dans un tel environnement jouent un rôle crucial dans le cheminement personnel de chaque stagiaire. Cette courbe d’apprentissage rapide lance véritablement la carrière de manière agréable !